Paris International Fantastic Film Festival 2012 : Compétition.
10 ans après le très expérimental Uncut, Jonathan Zarantonello revient à un cinéma beaucoup plus traditionnel. The Butterfly Room est avant tout pour lui la réalisation d’un fantasme de cinéphile avec la présence devant la caméra de la légende ténébreuse Barbara Steele, sauf qu’il n’en fait pas grand chose. The Butterfly Room n’est ni plus ni moins qu’un banal épisode des Contes de la crypte étiré autant que possible pour en faire un film. C’est plutôt sympathique mais ça ne va tout de même pas bien loin.
Entre Medley – Brandelli di scuola, nanar cosmique shooté au caméscope, et Uncut, tentative auteuriste cadrée pendant toute la durée sur le pénis de son acteur principal, on ne peut pas dire que Jonathan Zarantonello représentait un grand espoir du cinéma de genre italien. Et les choses en sont pas prêtes de changer avec The Butterfly Room, film hautement inoffensif dans le quel la présence de la vénéneuse Barbara Steele, icône chez Mario Bava dans Le Masque du démon, chez Antonio Margheriti dans Danse Macabre et La Sorcière sanglante, légende vivante dont la carrière n’aura pas survécu à la fin des années 70 et qui depuis se fourvoie dans des productions peu recommandables, devient la seule véritable attraction. Il faut dire que Jonathan Zarantonello ne cache pas son plaisir de pouvoir filmer le mythe sous toutes coutures ou presque, dressant le portrait d’une sorte de veuve noire terrifiante, et même parfois assez touchante derrière sa rigidité. Pour le reste, le scénario convenu, l’interprétation au rabais, la narration artificiellement tordue et la mise en scène faussement raffinée maintiennent le film dans le confort d’une toute petite série B sans éclat.
Avec sa photographie alternant les teintes jaunes et grises comme repères temporels pour rendre les innombrables flashbacks plus lisibles, sa bande son métal en hommage au Phenomena d’Argento, sa succession de séquences reprises de Shining, The Butterfly Room se cherche une identité entre influences italiennes et anglo-saxonnes. Si l’ensemble est relativement élégant au premier abord, la narration en pilote automatique pour ménager de fausses surprises et une véritable absence de soin quant à la gestion des faux raccords n’aident pas vraiment le projet global. Car il faut bien avouer que le récit est tout de même très pauvre, au premier degré de lecture comme au second, et multiplie les évènements balourds, bien caché derrière cette construction tout aussi peu finaude des allers-retours dans le temps. Car le seul élément qui intéresse vraiment Jonathan Zarantonello est Barbara Steele et qu’il souhaite l’iconiser à l’extrême. La preuve avec les nombreux personnages secondaires tous sacrifiés alors qu’ils ne manquaient pas vraiment d’intérêt, et notamment la jeune Alice, perverse manipulatrice dont le comportement n’est finalement jamais exploité. Même la pièce aux papillons, réminiscence de L’obsédé de William Wyler, n’est qu’un élément de décor malgré son potentiel immense. The Butterfly Room n’est que le portrait d’une femme dont le seul désir est d’être la mère ultime, ne prenant son pied que dans la transmission de règles de vie rigoureuses, et qui va redoubler d’idées hardcores pour arriver à ses fins. Cela donne lieu à quelques séquences particulièrement graphiques, voire gores, souvent brutales, mais il y a quelque chose de pathétique et un peu triste à voir cette vieille dame qu’est devenue Barbara Steele se transformer en bourreau badass. La palme du mauvais goût revenant à cette course poursuite dans la rue qui s’achève sur une incohérence ridicule. La voir s’agiter comme cela avec sa masse, sans qu’on puisse y croire une seule seconde, laisse un arrière-goût d’amertume. A vouloir rendre hommage à une légende, Jonathan Zarantonello n’est pas loin de la trainer dans la boue par maladresse.
Fort heureusement tout n’est pas si noir, et le récit en lui-même, s’il n’a rien de bien original, reste efficace dans son genre : du niveau d’un épisode un peu mineur de La Quatrième dimension ou autre serial fantastique. Il s’agit concrètement d’une sorte de petit conte macabre sans grand intérêt mais ponctué de séquences choc plutôt réussies, d’explosions de violence et de relations malsaines. Mais le propos sur la maternité frustrée reste en surface et le déroulé comporte tout de même des éléments qui prêtent à sourire, notamment le traitement de la poignée de personnages masculins dans un monde qui semble dominé par les femmes. Le renversement de valeurs opéré manque franchement de subtilité. Il faut dire également que la plupart des acteurs sont en pilote automatique, voire à côté de la plaque. Même Barbara Steele car si son aura et son charisme reste intacts, elle est tellement mal dirigée que le résultat fait un peu de peine parfois. Pas honteux mais terriblement mineur, The Butterfly Room se regarde sans déplaisir, comme un épisode de série TV lambda, d’un œil relativement désintéressé. Mais une fois le générique terminé, il n’en reste rien, ou si peu. A peine de quoi alimenter le rayon du cinéma de genre en DTV.